Culture & Démocratie est une plateforme de réflexion, d’observation, de sensibilisation et d’échange sur ce qui lie la culture et la démocratie.
Idriss Yousif Abdalla Abaker
« Ceux qui traversent la mer connaissent la terre », peut-on lire sur la page d’accueil du site d’A4 : ce sont les mots d’Aminata Koita, une proche des fondateur·ices de l’association. Pour ce collectif, la reconnaissance des savoir- faire des exilé.es est centrale. Actif dans les domaines agricole et de l’artisanat, il entend, à sa manière, accueillir des personnes pour qui « trouver des espaces d’habitation et des emplois en accord avec leurs désirs, besoins et expériences de vie » est difficile voire impossible, tout en luttant contre « la déliquescence des appuis institutionnels au milieu paysan, la disparition des métiers agricoles et artisanaux, et la perte de terres par l’agrandissement des surfaces de l’agro- industrie et l’étalement urbain ». Ce que pratique A4, c’est un peu le « deuxième temps » de l’accueil, ce dont une personne a besoin au-delà du toit et de la table. Idriss, basé à l’antenne de Lannion en Bretagne, évoque ici les formes que prend pour A4 cet accueil inconditionnel qui s’appuie sur l’écoute et le soin.
Hélène Crokart, Nina Jacqmin
L’État belge a fait le choix d’une politique de non-accueil, bafouant sciemment droits fondamentaux et obligations légales. Il a été, pour cela, condamné par les Tribunaux et par la Cour européenne des Droits de l’Homme. Ce dont il ne tient pas compte. Dès lors, sa politique migratoire relève de l’arbitraire et s’affranchit des règles démocratiques. À l’encontre du grand n’importe quoi sur les migrations, deux avocates du cabinet ARADIA effectuent une salutaire mise au point. Écrit en 2022, ce texte n’a, hélas, pas pris une ride. Indispensable pour comprendre que ceux et celles qui s’efforcent d’accueillir les exilé·es, tentant de réparer une défaillance de l’État.
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Il s’agit d’une initiative citoyenne basée sur un système de gouvernance démocratique et en grande partie bénévole.
Hélène Hiessler
Nous publions dans ce dossier plusieurs entretiens réalisés à différentes dates avec six lieux d’accueil : La Petite Maison (LPM), l’occupation Rockin’Squat (R’S) et la ZK House (ZKH) à Bruxelles, La Trame (LT) à Die, les Refuges Solidaires (RS) dans les hauteurs de Briançon, la Maison Sésame (MS) à Herzeele près de Dunkerque. Un minuscule échantillon, mais entre ces témoignages – tous datés car les réalités y changent vite –, aux pratiques marquées par des contextes géographiques et matériels singuliers, les échos sont nombreux, les divergences aussi. En préambule, nous proposons une sorte de panorama qui souligne les fortes dynamiques de solidarité qui innervent ces expériences et ce qu’elles ont à nous apprendre. C’est une plongée dans la réalité des migrations que les politiques et les médias dominants évitent d’évoquer et de porter à la connaissance des citoyen·nes. Ces témoignages montrent d’autre part que l’inconditionnalité totale de l’accueil, si elle est non seulement désirable et indispensable au niveau du respect des droits humains par les États, reste un horizon difficile à atteindre à cause précisément des « lois immigrations » promues par l’Europe et les États membres sous influence des discours d’extrême droite.
Rim Idmiloud
Rim Idmiloud a une formation de travailleuse sociale. Cofondatrice du collectif Rockin’Squat, elle s’y occupe de l’accompagnement social et du lien avec l’extérieur (politiques, institutions, etc.) : « À Rockin’Squat chacun·e a un rôle en fonction de ses compétences et savoirs. » Depuis septembre, le collectif est installé à Woluwé-Saint-Pierre, mais au printemps, c’est dans le grand bâtiment qu’il occupait rue du Trône que nous avons rencontré Rim. Dans cet ancien home Orpéa, futur centre d’accueil Fedasil (!), le collectif a subi plusieurs tentatives d’expulsion musclées. Mais le collectif Rockin’Squat est bien organisé et ses soutiens sont nombreux. Rim nous parle ici de son histoire et de cette expérience singulière de vie en communauté.
Avec cet ouvrage, la collection des « Neuf essentiels » s’enrichit d’un dixième opus quelque peu différent des précédents. Si le principe reste le même : des textes introductifs donnant les balises de la réflexion proposée et une sélection de ressources pour la documenter, l’outiller et/ou aller plus loin, il s’agira ici – au-delà d’une thématique à explorer – d’inviter à réfléchir au type de société que nous voulons aujourd’hui, et au changement de modèle culturel que cela implique.
Jacinthe Mazzocchetti
L’ethnographie peut conduire à étudier la criminalisation des frontières. Comment s’y effectue le tri entre bon·nes et mauvais·es migrant·es ? Les personnes migrantes sont considérées comme venant profiter de « notre système ». Leur parole, les raisons qui les font fuir, le récit infernal du chemin ne comptent pas, ne sont que mensonges. La police migratoire organise la privation d’histoire des exilé·es, leur refuse le droit à une parole propre, nie leur humanité. Face à cette violence, l’autrice invite à « rendre possibles les effractions narratives » et plaide pour une mémoire collective des traumas migratoires, préalable à transformer le déracinement subi en exil réussi.
Le 2 décembre 2023 nous organisions avec plusieurs partenaires l’échange « Ritualités collectives » au cinéma Nova à partir de l’article « Culture Sound System : un rituel de résistance » de Dany Ben Felix (Journal de Culture & Démocratie n°57 sur les rituels).
Les participant·es ont donné des pistes de réponses aux questions suivantes : comment peut-on se donner de la force et se doter d’outils d’émancipation par des actions/créations/moments collectifs musicaux ritualisés ?
Quelles pratiques sont susceptibles de réparer le monde, d’inventer d’autres modes d’existences collectifs pour mieux vivre ensemble demain ?
« Pratiques musicales collectives : quel pouvoir d’agir ? » présente les traces de ces échanges augmentés de diverses contributions complémentaires.
Luc Carton
Par cette proposition dense, tant du côté de l’analyse que de la prospective, Luc Carton nous invite à « entreprendre une autre manière de faire démocratie, plus continue, plus profonde, plus intense, plus délibérative, plus contributive », de façon à ce que « chacune et chacun [puisse] y contribuer, en mobilisant son expérience, son savoir, sa raison, son intelligence du monde à faire ». Une invitation pleine de sens pour notre association au tournant de son 30ème anniversaire.
Thibault Galland
Le rejet des migrant·es active la peur de voir « notre » culture remplacée par une autre. Explicite dans la victoire de l’extrême droite à Ninove. La médiation culturelle est dès lors une réponse appropriée à ce rejet et à cette peur. En sensibilisant aux droits culturels, complémentaires aux droits humains fondamentaux, elle fournit un cadre pour un accueil authentique qui soit de véritables rencontres et échanges entre personnes exilées et accueillantes. Les droits culturels sont alors ouvertures vers une politique migratoire élaborée démocratiquement, soucieuse de repenser l’habitabilité équitable de la planète, faisant des migrations une chance plutôt qu’un « choc » négatif. Des amorces concrètes, comme au centre culturel de Genappe, montrent que cela relève du possible.
Maison Sésame
Sylvie est engagée auprès des exilé·es depuis 1999 à travers son travail au sein d’Emmaüs et en lien avec de multiples associations. Elle a connu toutes les vagues d’arrivées de plus en plus nombreuses sur la côte d’Opale de réfugié·es en route pour l’Angleterre, et leurs déplacements d’un camp à l’autre, d’une « Jungle » à l’autre, au gré des constructions et démantèlements successifs. La maison de Herzeele devenue « Maison Sésame » est celle où elle a grandi. Avec son mari Benoît, médecin retraité, un·e coordinateur·ice et un réseau de bénévoles et de soutiens locaux, un collectif s’est construit qui y organise aujourd’hui l’accueil de personnes exilé·es le temps d’un répit, en attendant de traverser la Manche.
Mais que sont les rituels ? Quel rapport entretenons-nous avec eux et que produisent-ils ? Pour la philosophe Maririta Guerbo, qui introduit ce dossier, « les conditions du rituel sont la croyance en un récit et la prise du collectif sur l’individu ». Questionner nos rituels revient donc à s’interroger sur les croyances qui structurent notre société et la façon dont nous choisissons, individuellement et collectivement, de nous y inscrire, d’y contribuer. Le récit néolibéral dominant, en glorifiant la croissance, la valeur marchande et l’individualisme, a colonisé l’imaginaire avec de nouveaux rituels consuméristes tels que le Black Friday ou l’organisation de méga-évènements sportifs et culturels aux empreintes carbone monstrueuses, tout en multipliant et en banalisant les rites de célébration de soi, comme en témoigne l’immense succès des ouvrages de développement personnel.
Ce catalogue inventorie et présente toutes les publications disponibles de Culture & Démocratie en date du 01/01/2024.
On y trouve aussi bien les parutions téléchargeables au format PDF sur notre site que les éditions papier, ainsi que des instructions pour vous les procurer. Bonne lecture !