Épouser le mouvement post-Weinstein/#MeToo et interroger la place respective des femmes et des hommes dans le secteur culturel ? Nous avons considéré qu’il y avait matière, oui, à interroger le secteur culturel sous cet angle. Prompt à se présenter comme un secteur vertueux, dans cette matière comme dans d’autres, il doit pourtant reconnaitre ses manquements et accentuer un mouvement d’ouverture sensible certes, mais peu déterminé et trop lent.
Le dossier de ce Journal de Culture & Démocratie n°50 pose donc la question du genre dans la culture. Il interroge le secteur culturel sans négliger de faire le compte des avancées et des territoires gagnés mais aussi, sans le ménager.
Car il faut dénoncer l’asymétrie évidente dès lors que l’on se prend à examiner le nombre/la proportion de femmes présentes aux postes de direction, dans les institutions culturelles, les organes de concertation et dans les instances subsidiantes. Même constat si l’on examine la proportion de créatrices, metteuses en scène, réalisatrices, comédiennes, compositrices ou autrices investies de projets importants et projetées au-devant de la scène.
Ce dossier est construit en quatre temps. Le premier temps dresse un état des lieux assorti de chiffres sans appel sur la place respective des hommes et des femmes dans le secteur culturel en Fédération Wallonie-Bruxelles.
Ensuite, le dossier met en lumière des initiatives qui contribuent à dévoiler les discriminations liées au genre – comme le Collectif F.(s) né en 2018 à l’occasion de la nomination contestée d’un nouveau directeur au théâtre des Tanneurs*, Féministe toi-même, projet conçu en 2014 par le Centre Librex, PointCulture, Garance et Amazone. Résistance et inventivité sont au rendez-vous.
Le troisième temps propose un aperçu de la manière dont les femmes sont présentes dans les productions culturelles (cinéma, musique, littérature, théâtre, arts plastiques) et présente différents réseaux qui privilégient la création féminine.
Enfin, nous proposons des analyses issues de la recherche, regards sociologiques et politiques sur l’enjeu que représente une présence équitable des femmes dans la sphère culturelle et, cela va de soi, dans tous les secteurs d’activité : elles disent, elles créent, elles gèrent. En cela elles enrichissent un monde régi par les hiérarchies anciennes et frileux, parfois même violent, dès lors qu’il s’agit de leur céder du terrain.
L’impatience voire la colère les gagne. Tant mieux.
Bonne lecture.
Image : ©Françoise Pétrovitch Rougir, 2005