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L’économie des festivals : bonne pour la planète ?
Pierre Hemptinne
Au printemps, les festivals d’été se profilant à l’horizon, plusieurs articles dans la presse française et belge se sont émus des dangers de « concentration » dans le milieu musical festivalier. Entendez : la prédominance sans vergogne de grands groupes privés motivés uniquement par la rentabilité, mettant en danger festivals indépendants et diversité culturelle. En Belgique, à la même période, l’artiste Konoba a annoncé mettre sa carrière musicale entre parenthèses du fait de la trop grande industrialisation du secteur musical, cette même industrialisation qui détermine l’économie actuelle des festivals. Comment poser les termes de cette problématique dans le cadre d’une société dont le modèle culturel capitaliste est à bout de souffle et de plus en plus toxique ?
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Culture et crise climatique
Le secteur culturel se préoccupe de la question climatique. Les grandes institutions planchent sur les moyens de réduire leur empreinte carbone et se heurtent à ce qui fait partie de leur modèle : faire se déplacer un grand nombre d’individus ! La proposition de charte récemment publiée en France à l’initiative de Guillaume Logé, conseiller artistique, chercheur associé à l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne, et cosignée par de nombreuses personnalités, prend une orientation plus prometteuse : s’attaquer à la production d’imaginaires qui rendront possible et désirable l’émergence de nouveaux modes de vie, en phase avec les enjeux climatiques. En effet, la culture se situe-là, et l’on oublie souvent que cette production du sensible peut faire l’objet de politiques spécifiques, ouvrant des possibles ou reproduisant le même.
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La fable désastreuse de la « santé culturelle » : examen d’un mépris
Christian Ruby
Dans cet article inédit, le philosophe et enseignant Christian Ruby analyse de façon critique le concept de "santé culturelle" porté par différentes politiques culturelles en France. Cette notion partage les populations en termes de bonne ou de mauvaise santé culturelle, par exemple selon la participation plus ou moins active ou passive des individus à la vie culturelle. Fondée sur nombre de présuppositions quant aux pratiques culturelles, cette extension du vocabulaire de la santé au champ culturel transforme des problématiques de la vie culturelle liées à des rapports sociaux et tensions politiques en des pathologies quasi-médicales, que les actions des professionnel·les et expert·es culturel·łes doivent dès lors tenter de guérir. Ainsi, à travers cette « normativité sanitaire » et les discours qui la légitiment, la culture s’entend comme la formation de l’individu à partir de normes qui lui sont extérieures et pré-établies, sans qu’il ait de pouvoir d’agir propre ou d’autre ligne de devenir. Voilà de quoi nous donner matière à réflexion quant à nos politiques et pratiques culturelles en Belgique.
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Bruxelles : identité, hybridité, créolisation
Nedjma Hadj Benchelabi, Hadassah Emmerich, Lisa Ahenkona, Rachida Lamrabet
Propos en anglais traduits par Hélène Hiessler (Culture & Démocratie)
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Brusselsspeaks : la diversité linguistique à Bruxelles
Séverine Janssen, Tania Nasielski, Brudi der Lux, Ophélie Bouffil, Dirk Jacobs, Taha Adnan, Julie Bertone
Séverine Janssen : Nous allons aborder la situation linguistique de Bruxelles depuis les points de vue et les pratiques de nos invité·es, avec comme angle d’approche la langue comme une aubaine, sans pour autant ignorer les obstacles qu’elle peut constituer. Posons d’emblée que deux tiers des ménages bruxellois parlent plus d’une langue à la maison. Le dernier baromètre des langues fait état de 104 langues actives, quotidiennement parlées. À l’échelle européenne, Bruxelles est la ville la plus diverse et cosmopolite. À l’échelle mondiale elle se trouve en deuxième position, devant Londres ou New York. Par ailleurs, 25 % de la population de Bruxelles a moins de vingt ans, or c’est bien souvent au sein de cette jeunesse que chaque jour des langues s’entremêlent pour former de nouvelles expressions et de nouveaux mots. Des mots parfois incongrus, inconnus, qui viennent raconter et transformer la ville. Le vocabulaire bruxellois est ainsi bien plus vaste que ce que l’on peut trouver dans les dictionnaires. Il constitue un méli-mélo que ni le Van Daele ni Le Robert ne peuvent comprendre. Quelles sont donc les pratiques linguistiques qui s’y côtoient ? Peuvent-elles constituer une praxis bruxelloise, c’est-à-dire un ensemble de pratiques transformant les individus, leurs rapports sociaux et le territoire? Comment ce cosmopolitisme linguistique se traduit-il sur le plan institutionnel ? Enfin, comment envisager l’avenir de Bruxelles de ce point de vue linguistique ? L’anglais finira-t-il par s’imposer comme langue véhiculaire dans la ville ? Nous échangerons ici autour du partage des codes oraux au sein d’un territoire, au présent mais également au futur, et autour des puissances potentiellement transformatrices de ce partage sur le plan tant collectif qu’individuel. Dirk Jacobs, quelle est, sociologiquement, la situation linguistique de Bruxelles, quels sont ses modèles de gouvernance et comment le cosmopolitisme de la ville se traduit-il institutionnellement ?
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Changement climatique VS pratiques culturelles ?
Pierre Hemptinne, directeur de la médiation culturelle à Point Culture, administrateur de Culture & Démocratie
On sait à quoi s’en tenir avec le changement climatique, malgré la résistance de quelques irréductibles sceptiques. Pourtant rien ne change significativement dans la gouvernance du monde. Ce sont les fondements culturels de la société qu’il faut modifier, au cœur de ce qui a fondé la relation entre nature et culture. De manière consternante, en lisant le programme des candidats à l’élection présidentielle française, on trouve très peu sur l’écologie et rien sur la politique culturelle. Comme si ces individus qui s’envisagent jouer un rôle politique important refusaient les outils nécessaires à repenser le monde et avaient déjà opté pour un laisser-faire criminel.
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Ce qui est étranger et ce qui est soi
Entretien avec Benjamin Monteil
Marqué par ses origines franco-sénégalaises, Benjamin Monteil, aime brouiller les codes et les limites entre les territoires − entre Occident et Afrique, entre mainstream et contre- cultures, entre intériorité et extériorité, entre le corps et la prothèse, entre des représentations contemporaines de nos paysages et d’autres du passé ou de futurs imaginés. Ses gravures et dessins puisent aussi bien dans la gravure occidentale du XIXe siècle que dans l’univers du jeu vidéo ou encore des mangas, et dans les frictions qui naissent de la rencontre de tous ces courants. Ces constants déplacements le poussent à penser, dans sa pratique, à comment bricoler le monde de demain dans nos ruines actuelles. Comment à partir d’éléments hétérogènes fabriquer un monde habitable ?
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Appartenances : décoloniser la pensée
Questions à Ilke Adam, Gily Coene, Douna Bourabain, Bas van Heur, Lena Imeraj et Tuba Bircan
Migration, Equality & Racism, 44 Opinionsn est un ouvrage collectif et interdisciplinaire publié en anglais par des chercheurs et chercheuses de la Vrij Universiteit Brussel (VUB) qui associe des territoires de recherche différents. Il propose un kaléidoscope de positions et d’opinions informées sur les problématiques croisées des politiques migratoires, de l’égalité des chances et des racismes. Ce livre se veut un outil exigeant mais accessible, et si leurs réponses ne sont pas toujours faciles à entendre, il est intéressant de donner à voir comment ces universitaires bruxellois·es pensent la « lutte des territoires » (sols et pensées) et comment elle influence nos manières de les habiter et nos appartenances.
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Plus ou mieux
Caroline Mierop
Je voudrais initier ce débat en vous lisant un court extrait des conclusions d’une étude suisse sur les phénomènes de discrimination dans les écoles d’art. La question des écoles d’art renvoie non seulement, sous plusieurs angles, à celle des droits culturels, de leur lien avec les politiques publiques et de la responsabilité de chaque institution à cet endroit, mais elle pose aussi, plus largement, celle de l’ambiguïté de ces droits, de leur ambivalence comme de l’ambivalence des actions menées pour les garantir. Le choix d’une étude suisse relève du fait que je ne connais pas d’étude à ce sujet dans d’autres pays européens et que ses conclusions – à mon sens violentes et édifiantes – sont plus acceptables pour nous quand elles sont mises à distance.
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L’excellence est un art : enquête-action menée par l’Orchestre national d’Ile-de-France et l’Opéra de Rouen commandée par Les Forces Musicales
Fabienne Voisin
À mes yeux, la dignité humaine se situe au cœur des droits culturels, qui reconnaissent chacun et chacune dans ce qu’il ou elle exprime de sa diversité et de sa culture. La notion de droits culturels a pu susciter au premier abord, dans les institutions artistiques et culturelles, la crainte que la direction artistique et la programmation puissent désormais être assurées par n’importe qui. Il a donc été décidé au sein du Syndicat professionnel Les Forces Musicales – qui représente les opéras et les orchestres en France – de s’emparer de ce sujet afin d’en avoir une interprétation propre. Au sein de l’Orchestre national d’Ile-de-France, cela fait maintenant un an que nous essayons de nous faire notre propre idée – au travers d’actions-enquêtes – de ce que les droits culturels peuvent engendrer dans notre action. Comme en amour, c’est le chemin qui est intéressant !
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bruxelles  
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