Ce Journal de Culture & Démocratie n° 47 aborde la question du soin. Que veut dire soigner, prendre soin, réparer, guérir, dans la société d’aujourd’hui ? Comment le soin est-il conçu, quelles sont les logiques qui président à son organisation et à sa mise en œuvre ? Les excès du néo-libéralisme génèrent iniquité et fragilités croissantes. Les logiques managériales mettent à mal les secteurs de la santé et de l’aide sociale chargés de prendre soin des plus vulnérables. Comment dans ce contexte penser et mettre en œuvre le soin ? Comment faire advenir une société qui, outre la prise en charge de la maladie et de la fragilité, assure plus largement le lien, l’accueil, le respect ?
Cette livraison du Journal scrute cette notion de soin avec un dossier particulièrement fourni qui conjugue approches anthropologique, philosophique, sociologique et culturelle du soin et croise analyses, constats et alternatives. Les contributions réunies dressent le tableau d’une société qui, dans le même mouvement maltraite les plus faibles, détricote en partie ce qui fut conçu pour les protéger et les accompagner et suscite parallèlement, au cœur de ses disfonctionnements, des réponses nouvelles et des alternatives.
Nathalie Zaccaï-Reyners nous rappelle que dès les premiers âges du vivant, le geste du soin assure la survie et la pérennité de l’espèce humaine et de l’espèce animale. Entrée en matière suivie par l’exploration de la question du soin stricto sensu et de sa mise en œuvre dans des lieux de particulière fragilité comme l’hôpital et la prison.
Le dossier interroge ensuite la dimension culturelle du soin puis la place qu’y occupe le champ culturel et artistique. La culture soigne-t-elle ? La culture et la création sont-elles réparatrices ? Si oui, que veut dire réparer ? Le champ culturel a-t-il vocation à colmater les brèches ouvertes dans le champ politique, économique et social ? Faut-il calmer, apaiser ou réveiller ? Les lieux culturels sont-ils des lieux de soin en ce qu’ils organisent le partage du sensible ? Le care, concept et réalité difficile à cerner et l’art-thérapie sont questionnés à leur tour. Interrogations partagées et réponses diverses avec l’évocation d’interventions d’artistes et des récits critiques d’expériences dans tous les champs de la création.
Un parcours dense à arpenter sans modération et à compléter, comme nos lecteurs en ont pris l’habitude, avec la suite en ligne du Journal.