Louis Pelosse
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Côté images

Louis Pelosse

Maryline Le Corre, coordinatrice à Culture & Démocratie

22-07-2022

Une fois n’est pas coutume, les images qui accompagnent ce Journal ont été conçues par Louis Pelosse spécialement pour la thématique du dossier : le temps. Mais comment représenter le temps ? Si certaines images sont, dans l’imaginaire collectif, associées au temps qui passe (sablier, horloges, fleurs fanées, etc.), est-il vraiment possible de représenter l’impermanence des choses et leur perpétuel mouvement ? Impalpable, le temps n’est finalement perceptible qu’à travers nos expériences personnelles. Aussi, Louis Pelosse a-t-il choisi de représenter des corps engagés dans une pratique qui définit un rapport au temps et nous propose au fil de ces pages des corps en interaction avec un objet ou un espace. Ces dessins sont travaillés et colorisés numériquement.

Bien que ces images n’illustrent pas à proprement parler les articles de ce dossier, elles proposent une lecture singulière des enjeux qui y sont développés et résonnent particulièrement avec certains articles. On retrouvera ainsi la thématique du temps du travail, avec des travailleurs et travailleuses sociales en maraude ou des ouvrières à l’usine. Le sentiment d’impuissance face à l’urgence, le retard permanent, l’accélération sans fin de tous les domaines se devinent à la vue de ces figures qui tournent dans une boucle sans fin ou d’un corps impuissant à se défaire du serpent qui l’enserre. La mise au pilori de la paresse par nos sociétés au profit d’une accélération à tout crin est tout aussi parlante. Alors que, fatigués, tels des Sisyphes insomniaques, nos corps ont besoin de repos. À l’inverse, on croisera aussi des temps choisis de loisir ou de « retrait fécond », autour d’un repas, au bord d’une piscine, dans un lit. Et nous pourrons nous laisser aller aux temps plus lents des arts et de l’imaginaire, pour un moment de lecture, un atelier de peinture ou pour écouter Léo Ferré : « Avec le temps… ».

L’image de couverture quant à elle nous rappellera évidemment le Lapin blanc de Lewis Caroll, pressé et en retard dans le monde au temps déréglé d’Alice au pays des merveilles. Devant une usine forteresse, allégorie de nos sociétés post-modernes, il est aisé de comprendre que nous sommes aujourd’hui toutes et tous des lapins blancs.

Louis Pelosse est actuellement professeur d’arts appliqués dans un lycée professionnel après des études en design d’illustration scientifique. Il est également membre fondateur de l’association culturelle Ensemble Cumulus et illustrateur freelance.

Image : © Louis Pelosse