Le temps, la démocratie
Écriture collective dePierre Hemptinne (PointCulture)Sabine de Ville (Culture & Démocratie)Luc Malghem (Centre régional du Libre examen)
Redonner du temps aux individus et aux collectifs pour favoriser les socialisations informelles, la circulation des connaissances, les dispositifs de médiation culturelle, les processus lents de l’imaginaire
L’accélération constante, au profit de la croissance et de la course technologique comme seules issues supposées, prive les individus du temps indispensable au partage de connaissances qui permettent les bifurcations, et du temps du recul nécessaire pour repenser notre relation au vivant en imaginant d’autres formes de co-existence.
Cette vitesse prédomine dans la gouvernementalité actuelle. La gestion de la crise sanitaire en a été encore le symptôme : infantilisation des habitant·es, recours aux logiques d’exception, rhétorique de guerre et de contrôle… « La façon dont une société se veut “en guerre”, même contre un virus, met en jeu la démocratie. » (Étienne Balibar, Le Monde, 22/04/2020)
Changer de cap implique de redonner du temps aux individus et aux collectifs pour favoriser les socialisations informelles, la circulation des connaissances, les dispositifs de médiation culturelle, les processus lents de l’imaginaire. Repenser le temps libre comme implication des citoyen·nes à la gouvernementalité de la puissance publique.
Cela nécessite de limiter l’influence des industries culturelles et de renforcer les capacités d’intervention du secteur culturel et particulièrement de l’éducation permanente.
L’investissement de tous et toutes dans l’élaboration de ces communs de la connaissance et dans les processus de démocratie directe doit être considéré comme du temps productif et être valorisé, par exemple sous la forme d’un revenu contributif universel.