Situation exceptionnelle Mesures exceptionnelles Méthode habituelle
Pauline Delgrange et Loïca LambertProgress Lawyers Network ― Bruxelles
Face au Covid-19, nos dirigeant·es ont décidé d’imposer des mesures qu’ils et elles qualifient d’exceptionnelles, justifiant ainsi l’atteinte quotidienne à nos droits et libertés les plus fondamentaux, et l’impact disproportionné pour les couches plus précarisées de la population.
L’exception signifie que l’on sort de la norme, du commun. Tant l’épidémie elle-même que l’étendue des restrictions qui nous sont imposées semblent en effet hors du commun.
Cependant, la gouvernance par l’exception est, elle, devenue la normalité. Que ce soit pour lutter contre le terrorisme ou le Covid-19, le mécanisme est bien rôdé : « Nous faisons face à une situation exceptionnelle, pour votre sécurité, nous devons malheureusement réduire vos libertés. » L’état d’exception, qui désigne la suspension du droit commun, n’a, par définition, pas vocation à durer. Pourtant, il devient permanent.
On doit donc s’interroger sur la nécessité et les raisons de ce recours systématique à l’exception. La répétition de ces mesures ne nous rend-elle pas plus enclin·es à les accepter sans questionnement ni résistance ? Ne peut-on pas adopter des mesures respectueuses de nos droits fondamentaux ? Notre santé et notre sécurité sont-elles réellement les bénéficiaires de cette gouvernance par la peur ?
Dans une société qui présente des risques variés allant de pandémies aux crises climatique et sociales, n’est-il pas illusoire de nous promettre un droit à la sécurité ? S’attaquant aux symptômes, n’oublie-t-on pas les causes des problèmes ?