Non essentiels ?
Sabine de Villeprésidente de Culture & Démocratie
« Les arts sont encore plus indispensables aux hommes et aux femmes que ce qu’il y a de meilleur dans la science et la technologie […] Nous sommes un animal dont le souffle de vie est celui des rêves parlés, peints, sculptés et chantés. Il n’y a ni ne saurait y avoir de communauté sur terre, si rudimentaires que soient ses moyens matériels, sans musique, sans quelque forme d’art graphique, sans ces récits de remémoration imaginaire que nous appelons mythe et poésie. »
(George Steiner, Grammaires de la création, Gallimard, 2001, p. 313)
Non essentiels ? Et si l’on avait usé d’un autre mot pour dire la vie avec le Covid ?
Si l’on avait concédé que l’essentiel n’est pas là où on le dit mais ailleurs, du côté des sons, des images, des corps et des mots vivants, de la fête, des liens, des rencontres, des rassemblements et des embrassements ?
Autoriser ? Non, puisqu’il faut cela pour vaincre la bête. Mais dire au moins, que privé·es de tout cela, nous sommes privé·es d’un essentiel, quitte à lui donner vie autrement, à notre manière, dans l’espace rétréci de nos existences et dans l’infini de notre imagination.
Lectures
Céline Romainville, Neuf essentiels pour comprendre les « droits culturels » et le droit de participer à la vie culturelle, Culture & Démocratie, 2014.
Collectif, Faire vivre les droits culturels, Culture & Démocratie/Plateforme d’observation des droits culturels, 2020.
Bruno Latour, Où suis-je ? Leçons du confinement à l’usage des terrestres, Les empêcheurs de penser en rond, 2021.