Un pas vers notre disparition ?
Bernadette Heinrichartiste conteuse
Culture, le mot absent de la parole de nos dirigeants politiques.
Les salles de spectacle sont closes. La rencontre, la respiration commune, l’écoute d’une présence éphémère, fragile, corporelle, sensuelle, sensitive, l’essence même du spectacle vivant et de ce qui nous fait humains n’a plus droit de cité.
Passer par le streaming, les plateformes numériques, les réseaux soi-disant sociaux, c’est l’alternative solitaire dans laquelle le Covid pousse nos concitoyens. Illusion du spectacle vivant.
On consomme, on zappe, on commente pendant la diffusion, on participe ainsi à un processus qui banalise, mercantilise, instrumentalise ce qui est – était – un des derniers espaces de la construction du sens critique : le questionnement poétique.
Beaucoup d’artistes en quête de survie passent le cap et s’adaptent. À quel prix ? Nous aurions espéré rester humains. Par son déni de la scène vivante, le politique nous conduit à devenir des produits d’un système mercantile.
Les magasins ouvrent. Les théâtres, les salles de concerts, les cinémas restent désespérément fermés. Nous voilà assommés, sommés de consommer, gavés jusqu’à devenir mollusques, amorphes, arrimés par une corde sans rime, impossible à lester.
Sonné, sonnée. Sommé, sommée. J’appelle qui ? J’appelle. J’appelle encore et encore. Personne à qui parler. Métamorphose capitaliste. Le politique a disparu. Il a viré produit. Nous, aussi.