Urgence
Lapo BettariniLa Concertation – Action culturelle bruxelloise
À quelle vitesse devons-nous — le monde — aller ? À la latitude de la Belgique, la planète qui nous accueille tourne déjà à environ 1073 km/h. En revanche, la société humaine, ses diableries et son soi-disant progrès, avancent bien plus rapidement et dans tous les sens : elle crée, transforme, consomme, réfléchit, se replie sur elle-même, tombe malade, et ce à une vitesse conflictuelle variable, difficile à mesurer et surtout à réduire.
Tous les indicateurs et toutes les données à notre disposition (scientifiques, économiques, sociales, politiques, etc.) concordent vers un petit nombre de scénarios dans lesquels l’urgence d’un changement d’itinéraire est LE facteur primordial. Nombreuses et convergentes sont les estimations de cette urgence, mais savons-nous comment celle-ci évolue ? C’est la question que le World Resources Institute, soutenu par plusieurs pays, s’est posée en 2019 sans aboutir à une réponse véritablement univoque : retarderons-nous et paierons-nous davantage ou planifierons-nous et prospérerons-nous ?
Car la date de non-retour, que ce soit en 2030, en 2050 ou autre, n’est pas figée dans le temps. Elle dépend d’une série de contraintes environnementales et sociopolitiques qui évoluent sans cesse.
Trop dense question à se poser avant le café du matin, il faut néanmoins rester attentif·ves à ne pas placer cet « horizon des évènements »n à des dates trop lointaines pour notre esprit.
L’impératif collectif et individuel est de ne pas faire glisser notre conscience et nos actions dans une apathie temporelle, mais de recommencer à donner du sens au temps, à l’échéance, à la succession du jour et de la nuit. Ceci afin de pouvoir réellement réagir… d’urgence, sans attendre dans un présent éternel qui, inévitablement, se transformera en un futur certain, bien avant le 1er janvier 2050.
Lectures
Danny Chivers, The No-Nonsense Guide To Climate Change, New Internationalist, 2011.
Naomi Klein, Tout peut changer. Capitalisme et changement climatique, trad. Nicolas Calvé, Actes Sud/Lux, 2016.
En relativité restreinte et en relativité générale, l’horizon des évènements est constitué par la limite éventuelle de la région qui peut être influencée dans le futur par un·e observateur·ice situé·e en un endroit donné à une époque donnée.